Dimanche 17 mai : les remugles

Ce n'est pas si simple. Je ne m'en sors pas. Je dois accepter cette douleur, en m'accordant du temps. Hier, regardant un dessin animé avec mes enfants, je regardais sans cesse mon portable pour regarder sa dernière connexion Whatsapp, essayant d'en déduire où elle était et ce qu'elle faisait. Puis repris par le plus grand, je me suis concentré sur le dessin animé. Un peu plus tard, il m'a regardé et a dit : "je suis content Papa parce que tu regardes le film avec nous".

Hier il y avait un pot, donc elle devait y être tout simplement, et comme sa dernière connexion était à 23 h 33 je me suis dit : "ah tant mieux, elle s'est couchée tôt, elle n'a pas pu faire n'importe quoi". Et ce matin, à 6 h, dans un demi-sommeil, je me réveille d'un coup, je me jette sur mon téléphone : dernière connexion à 1 h 20. Et je fais fumer une cigarette, moi qui ne fume pas. Et ensuite ? qu'est-ce que ça change ? Je continue à quémander des miettes, j'espérais que comme la dernière fois, elle m'écrive pour me dire qu'elle pensait à moi ou qu'elle voulait que je vienne la chercher.

Sauf qu'elle s'en tape complètement de moi. Elle m'a dit ne pas supporter d'être jetée, que jamais l'un de nous ne devait planter l'autre, et là c'est ce qu'elle fait : trois phrases de textos pour me dire qu'elle voulait qu'on arrête "temporairement" de se voir, qu'elle n'était pas à l'aise avec l'idée d'un couple avec moi, qu'elle ne savait pas me le dire autrement". "Ok je comprends". "Merci c'est plus simple comme ça".

Mais que me faut-il pour me détacher d'elle ? plus elle me jettera plus je vais lui courir après car elle m'échappe. Mercredi je lui offre un petit haut et un ensemble soutien-gorge culotte. Elle pouvait ne pas les accepter sachant qu'elle me larguait le lendemain. Elle me dit que c'est aussi un cadeau pour moi : bien sûr, sauf que la seule fois où elle a essayé le soutien gorge c'était le soir même, à l'apéro devant mes potes, histoire de les chauffer pour un plan à 4, tout en m'ayant écrit plus tôt dans la semaine : "ok pour un truc exclusif" et bien sûr "t'inquiète pas, j'allumerai pas tes potes, je serai correcte".

Mais que me faut-il pour me détacher de cette fille qui sait que je suis attaché à elle et ne m'adresse pas un seul message pour me dire j'espère que tu vas bien, ou quelque chose du genre. Normalement je devrais être suffisamment en colère contre elle pour l'évacuer, mais non, je regarde ses heures de connexion. Pris dans la nasse. Même à l'apéro, l'un d'eux, me voyant mal car elle parle de se taper d'autres mecs, qui fait : "mais arrête de faire ta meuf ! Steena, ça te plaît toi un mec qui fait la meuf comme ça ?" Steena a bien capté le message puisque le lendemain matin elle est partie avec toutes ses affaires pour me larguer le soir par texto. Elle qui fluctue sans cesse, désormais me concernant elle ne fluctue plus : plus aucun signe, ni remerciement comme la fois où c'est moi qui l'avais jetée, ni excuses comme la fois où c'est moi qui l'avais jetée, aucune prise de nouvelles comme la fois où c'est moi qui l'avais jetée. C'est elle qui a gagné, et elle n'y revient plus puisqu'elle n'en a plus besoin.

Le dernier matin, elle me parlait d'asymétrie dans les sentiments : ce n'est pas tant l'asymétrie qui pose problème que ses revirements, elle qui depuis Bordeaux m'écrivait des : il me tarde tellement (notre apéro à deux pour lequel elle m'a encore planté), j'ai hâte de te voir, je pense à toi, j'ai une boule dans le ventre, je ne m'attendais pas à ça. En fait, chaque fois qu'elle a été touchée par moi, elle s'est rétractée derrière. Là, me disant "tu m'as eue", elle a été très touchée, puis s'est complètement rétractée.

Je devrais : ne plus regarder ses heures de connexion Whatsapp ni si elle est connectée à son site de rencontres, putain c'est débile, me souvenir des bons moments de sexe bien sûr, mais même de tendresse (ma psy me disant qu'elle est sincère ; depuis je l'ai envoyée voir ma psy, elle a bien accroché, va y retourner, et moi je n'ose plus y aller). Je pourrai même recourir à un procédé extrême, me rappelant qu'elle est paumée, que selon elle-même sa vie c'est de la merde, qu'elle est en dépression et sombre dans l'alcool, mais non, ce putain de côté sauveur se mobiliserait. Je pourrai surtout penser à Maud, qui est droite, belle et brillante, qui pense à moi sans cesse, mais qui n'est pas là.

Je me dis qu'elle pense forcément à moi, qu'elle attend peut-être même que ce soit moi qui écrive : mais n'importe quoi ! elle me plante pour un apéro à deux et fait n'importe quoi à un apéro devant mes potes : remake de 15 jours avant, où là je l'avais virée de chez moi, et où elle était revenue vers moi le soir même. Là, rien, parce que je lui ai dit que je n'étais pas en colère. A six heures du matin, fumant à ma fenêtre : il n'y a personne dans la rue, même à Paris. Il n'y a que moi amouraché d'une merdeuse. Je devrais me souvenir de qui je suis, que je n'ai pas besoin d'elle, qu'elle ne peut bousculer ainsi ma vie, et pourtant c'est le cas.

Ce que je devrais surtout faire : rire de tout ça. Ça ne vaut pas plus. On s'était promis de ne rien dire aux gens de la boîte, elle en a parlé dès le premier pot, m'écrivant, bourrée : "je dis tout à tout le monde" puis à jeûn me donnant la liste de ceux à qui elle en parlé, cette liste n'étant pas la même les deux fois où je lui ai demandé. C'est une paumée, ok, mais malsaine, menteuse, sans respect, égocentrée. Je n'en ai rien à taper d'elle.